Massacre, cannibalisme, et violence : les sombres secrets de l’âge de bronze en Angleterre

19 décembre 2024
Massacre, cannibalisme, et violence : les sombres secrets de l’âge de bronze en Angleterre

Une analyse récente d’ossements humains exhumés il y a 50 ans à Charterhouse Warren, dans le Somerset (Angleterre), a révélé des preuves accablantes de violences brutales et de cannibalisme à l’âge de bronze. Ces découvertes, publiées dans la revue scientifique Antiquity, décrivent l’un des massacres les plus violents jamais documentés dans la préhistoire britannique. Les ossements datent d’une période allant de 2.200 à 2.000 ans avant Jésus-Christ.

Une découverte négligée, réexaminée cinq décennies plus tard

En 1970, des spéléologues explorant un puits naturel de 15 mètres de profondeur à Charterhouse Warren, près des gorges de Cheddar, ont découvert un amas d’ossements humains. Ces restes, peu étudiés à l’époque, ont été entreposés dans des collections archéologiques avant de faire l’objet d’une étude approfondie menée par Rick Schulting, professeur d’archéologie préhistorique à l’Université d’Oxford, et son équipe.

Les chercheurs ont identifié les restes d’au moins 37 individus, comprenant des hommes, des femmes et un nombre significatif d’enfants, représentant près de la moitié des victimes. Cette répartition suggère que c’est une communauté entière qui aurait été exterminée dans un événement d’une brutalité exceptionnelle.

Des preuves accablantes de violence et de cannibalisme

Les analyses montrent que les victimes ont été tuées de manière violente : de nombreux crânes portent les marques de coups fatals. Après leur mort, les corps ont été méthodiquement démembrés et mutilés. Les os des bras et des jambes présentent des traces de découpe, suggérant une extraction intentionnelle de moelle osseuse. Par ailleurs, les os des mains et des pieds portent des marques distinctes de morsures humaines, attestant de pratiques de cannibalisme post-mortem.

Selon Rick Schulting, jamais une telle intensité de violence n’avait été documentée pour cette époque. « Ce site est une anomalie. Pour l’âge de bronze, en Grande-Bretagne, la violence de cette ampleur est sans précédent », souligne-t-il. Les pratiques observées à Charterhouse Warren étaient probablement rares, puisqu’aucun autre site de cette période n’a révélé de traces similaires.

Un acte destiné à intimider et dominer

Bien que les motivations précises derrière ce massacre restent floues, les chercheurs avancent l’hypothèse d’un acte de violence symbolique ou « performative », visant à inspirer la peur et à asseoir la domination des responsables. « Scalper, démembrer et consommer les corps des victimes aurait eu un impact psychologique puissant sur la communauté environnante », explique Schulting.

Les auteurs de l’étude spéculent que ce massacre pourrait avoir été une vengeance pour un conflit antérieur, ou encore une démonstration de force destinée à prévenir toute résistance ou rébellion. Dans une société où les ressources et les territoires étaient âprement disputés, de telles démonstrations auraient pu marquer durablement la mémoire collective.

Un contexte marqué par des tensions sociales croissantes

L’âge de bronze était une période de transition où les premières sociétés hiérarchisées ont émergé, souvent accompagnées de luttes pour le contrôle des ressources et des terres. Ces tensions pourraient expliquer la violence inédite observée à Charterhouse Warren.

Cependant, les chercheurs soulignent que la violence de cette ampleur n’était pas représentative de la période. « L’âge de bronze en Grande-Bretagne est généralement associé au commerce, à l’agriculture et aux pratiques funéraires, avec peu d’éléments suggérant des conflits organisés ou des guerres à grande échelle », précise Schulting.

Une leçon sur les aspects sombres de la préhistoire

Charterhouse Warren constitue un site rare et essentiel pour repenser notre vision des sociétés préhistoriques. Contrairement à l’image idéalisée de sociétés simples et égalitaires, cette découverte met en lumière des comportements d’une brutalité comparable aux atrocités historiques plus récentes.

chaterhouse warren google map

« Ce site défie notre compréhension du passé. Il montre que les populations préhistoriques étaient capables de violences organisées et de comportements ritualisés horribles », ajoute Schulting. La violence à Charterhouse Warren n’est probablement pas un cas isolé, même si les preuves pour d’autres événements similaires restent à découvrir.

Les implications pour l’archéologie préhistorique

Cette étude ouvre de nouvelles perspectives sur la manière dont les premières sociétés humaines géraient les conflits et les tensions internes. Elle rappelle également que les restes archéologiques peuvent encore, des décennies après leur découverte, offrir des révélations majeures sur les comportements humains anciens.

Les ossements de Charterhouse Warren, aujourd’hui conservés dans des collections archéologiques, continueront d’être analysés dans l’espoir de mieux comprendre cet événement singulier. Cette découverte souligne également l’importance de réexaminer des sites oubliés ou sous-étudiés pour enrichir notre compréhension du passé.

En fin de compte, Charterhouse Warren offre une fenêtre fascinante, bien que troublante, sur une époque lointaine où la violence et la domination étaient déjà des outils puissants de contrôle social.

Source :

‘Something horrible’: Somerset pit reveals bronze age cannibalism, The guardian

 

Chris L

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